Alors qu’une tempête d’équinoxe décroche les feuilles des arbres dans les jardins, je m’installe dans le silence de ma maisonnée, vide comme rarement, pour rassembler mes brouillons d’automne. Je me pose au coin du feu avec mon carnet dans lequel j’aime griffonner mes ressentis. Je me relis pour ajuster quelques mots, arrondir ou aiguiser une phrase.
Premier matin de l’automne, alors que je sors pour caresser les chats, le froid sur la terrasse mord mes pieds nus. Je pense à mon père qui aime marcher dans la fraîcheur des petits matins d’automne.
J’hésite à pendre le linge dans le jardin. La brume se dissipera-t-elle avec la marée? Quand le soleil embrase le ciel à l’est et étrangement aussi à l'ouest, je me décide. Nous ne resterons pas dans ce nuage, la journée sera douce aux couleurs de l'été indien.
J’ai confié mon plus jeune à l’école et je rentre avec mon collégien qui s’amuse à fumer sans cigarette.
Entre deux consultations, je sors marcher et j’imagine ma mère accueillant l’automne dans ses grands clairs. Mes nombreuses occupations du jour m’empêche de la rejoindre cet après-midi dans son refuge qui pourtant n’est pas si loin. L’automne me fera ralentir et prendre le temps de nous retrouver.
J’aide un petit bonhomme à trouver son chemin dans la jungle de ses expériences puis je m’éclipse. Je vais me ressourcer en célébrant l’automne en arpentant les Jardins de Valloires. Je lis au soleil dans le jardin à la française. Je m’abrite dans l’allée de cerisiers pour écouter la pluie tomber. Je déguste les plantes de saisons tendrement accompagné dans la verrière.
Un détour par la plage pour regarder le soleil se coucher dans les vagues écumeuses. Le sable me décoiffe, me gifle, me pousse à battre en retraite vers chez moi.
Quand je rentre, la première flambée ronronne dans le salon. Mon petit monde est blottit dans les fauteuils. La soirée glisse doucement.
Des rafales font claquer des trombes d’eau sur la fenêtre comme une variation dans une berceuse joliment monotone.
La pluie est tombée toute la nuit. L’automne est installé. Il réveille des envies de cueillettes et de soupes.

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