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Photo du rédacteurLaetitia Bailly

Aux quatre vents


Ce dimanche matin, comme un matin de semaine, je me lève tôt pour être seule. J’aime ce moment de calme et de silence quand la tribu dort encore. Je lis, j’écris, je m’étire, je médite.

Je sais maintenant que ce temps je ne le vole qu’à la nuit. Me lever tôt ne me prive pas de repos. Etre seule ne me coupe pas de ceux que j’aime. Ce rituel du matin me permet de me ressourcer, de profondément m’ancrer. Ainsi connectée à mon essentiel, je suis apprêtée pour savourer pleinement la journée, pour me réjouir de l'amitié, de l’amour.

Hier a été riche pour les enfants. Je les ai déposés en pleine nature pour qu’il jouent. Confinés dans le jardin, nous n’avions pas eu cette occasion depuis longtemps. Je les ai conduis jusqu’au milieu des arbres puis j’ai laissé le charme agir. Ils se sont inventés des histoires. Ils ont doré au soleil puis se sont couverts de terre des orteils jusqu’au front. Ils ont dévoré la brioche de Tumi, ont couru, sauté jusqu’à plus souffle. Le corps dans les herbes, forts ! La tête dans les nuages, rêveurs !

Ils ont poursuivis leurs chimères jusque tard dans la nuit. Alors ce matin, ma calme solitude se prolonge. Je vais marcher. Je croise des couples, des duos. Les gens vont deux par deux, ils discutent, contemplent, ralentissent le long de la plage. Je rejoins la baie. La mer monte et de nouveau, il n’y a plus un homme. Je ne me sens pourtant jamais seule ici. Je respire.

Je rentre m’enivrer des cris de jeux des enfants. La tribu fait consensus pour courir dans les dunes. Je trottine en arrière avec les plus petites jambes.

J’attrape au vol un joli mot au vol et le laisse résonner un peu, juste un peu plus pour découvrir pourquoi le hasard l’a mis sur mon chemin. Il virevolte, sonne juste, dans cette promenade matinale avec la tribu. Je le laisse reposer, se déposer. Ne rien forcer pour qu’il m'offre le meilleur. Je poursuis mon chemin un peu derrière les grandes jambes, je reste avec les plus petites jambes.

...Anémomorphose…

Quelle belle idée : le vivant modelé par le vent. Je pense à Miyazaki : “le vent se lève, il faut tenter de vivre”.

...Anémomorphose…

Se laisser guider par le courant de la vie tout en restant bien enraciné !

...Anémomorphose…

Mes pensées vagabondent encore un peu, jusqu’à cette ritournelle d’enfance “Va où le vent te mène”

Enracinés, déracinés, laissons-nous ébouriffer par les vents !


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