Je ferme ma porte sur les discussions des adultes en cuisine. Je ferme ma fenêtre sur les jeux des enfants dans le jardin. Je ferme mes yeux sur l’instant qui se déploie. Je respire. J’écoute encore un peu ma tribu vivre autour de moi. Je lâche le fil de ce qui s'échange à l’extérieur. Je retrouve mon silence intérieur, cet espace où les mots résonnent, vibrent ou s’échappent pour créer un message harmonieux.
Mon billet dominical débute dans ce silence. Un silence parmi les silences de nos retrouvailles en tribu.
Ensemble, nous sommes sonores, parfois tonitruants. Nous avons tellement à partager. Pour profiter de cette joyeuse cacophonie, j’ai besoin de la ponctuer de silences. De petits silences cachés en cuisine, pendant que la tribu est en terrasse. De grands silences à l’ombre du parasol, pendant que la tribu goûte à la plage. Dans ces différentes nuances de silence, je rejoins la pensée de Bernard Weber :
C'est le vide qui crée l'appréciation du plein.
Pour les moines il faut faire voeu de silence pour goûter le plaisir de parler, il faut jeûner pour savourer la nourriture, faire abstinence pour apprécier la puissance de l'acte charnel.
C'est le silence qui nous apprend à jouir de la musique.
C'est l'obscurité qui nous apprend à comprendre les couleurs.
Dans un de ces silences, né d’une partie de Molkky abandonnée, est née une histoire :
Il était une fois une tribu, issue de filiations et d’amitiés tellement riches qu’elle était indénombrable. Des musiciens, des danseurs, des jongleurs, des cuisiniers, des rhétoriciens, des planificateurs, des fédérateurs, des jouisseurs, des excessifs, des discrets…
Cette tribu se retrouvait souvent pour conquérir ensemble une journée ou une soirée et faire exhaler la joie de chaque instant partagé.
Ce jour-là, les rois mettaient le feu au bois fagoté par les princes.
Les princes rebondissaient tellement haut qu’ils dépassaient les princesses.
Les princesses glissaient entre les arbres sur un fil tendu entre les arbres par les reines.
Les reines parcouraient le domaine des Grands Clairs pour découvrir ses trésors.
Rois, reines, princes et princesses vivaient heureux de joies bruyantes et de plaisirs silencieux.
Cette tribu vivante et mouvante accueille tous ceux qu'aiment ceux qu’elle aime alors peut-être un jour conquerrez-vous une journée en son sein.
Une chanson traverse la vitre de mon antre me ramenant dans la vibrante vie de ma tribu.
J’ai fait le vide, retrouver le silence qui me permet de revenir les écouter et me remplir de leur allégresse retentissante. J'ouvre ma fenêtre. J’ouvre ma porte. Je les retrouve.

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