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Photo du rédacteurLaetitia Bailly

Ici et ailleurs

A mi-chemin d’un parcours de pleine conscience, je me pose dans une éclaircie : j’aimerais vivre mille vies !


Je suis curieuse et je souhaiterais tout apprendre ou presque. Les vertus de chaque plante, la marche afghane, la navigation à la voile, le nom de cet oiseau qui chante maintenant dans le jardin…

Raconter ainsi, vivre mille vies paraît joli mais je m’éparpille plus que je n’essaime.

Je n’ai pas fini de lire une quatrième de couverture que j’ai déjà l'oeil sur le titre d’un autre livre qu’il me plairait de lire aussi.

Je suis morose sous la pluie berckoise et je m’imagine sereine à Yamunatheeram dans la mousson.

Je peine à choisir une chanson alors que j’ai envie d’écouter de la musique.

Je cesse d’écrire pour ranger une tasse qui dans la périphérie de mon champ de vision trouble l’harmonie.

Une phrase de Kurt Cobain frémit dans cette effervescence “Vouloir être quelqu’un d’autre, c'est gâcher la personne que vous êtes”.

Tu te racontes à moi et je glisse sur un de tes mots me voici loin de toi.

Je ne t’ai pas vu depuis longtemps, ton chemisier sent bon la lavande et je dérive dans un souvenir de Provence brûlée de soleil.

Je savoure ton gâteau, symétrique et acidulée, et je dérape dans un projet de purée pour demain midi.

Je voudrais vivre chaque instant.

Être pleinement ici avec mes enfants qui me fêtent, sans penser à d’autres mères.

M’installer entièrement dans ma bulle, détachée de vos idéaux.

Rester près de toi, observer tes gestes, tes états d’âmes qui transparaissent, sans vouloir rien y changer, t’aimer.

Plonger dans la joie bruyante de ton anniversaire, sans chercher le calme.

Je veux vivre cette vie sans peur d’abandonner les autres possibles.

M’ancrer dans la confiance que tout est parfait tel que c’est maintenant. En cet instant parfaitement imparfait, j’ai à vivre ce qui est là, richesse unique. M’enraciner dans l’assurance que d’autres instants m’apporteront d’autres plénitudes si je m’accorde de les vivre profondément, comme cet instant.

Carpe diem quam minimum credula postero.



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