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Photo du rédacteur: Laetitia BaillyLaetitia Bailly

Ce matin, j’ai longuement lu sous la couette. J’entendais le vent dans les branches du jardin et le souffle de mon homme. Un paragraphe m’a suspendue : “Elle trouve un livre à la bibliothèque [...] Elle ne dépasse pas le premier paragraphe, le souffle coupé [...]”. Ces quelques mots me projettent ailleurs, dans d’autres temps. C’est exactement pour ça que je lis : Pour le plaisir d’être en apnée pendant une traversée épique de quarante pages ; Pour la satisfaction de retenir ma respiration auprès d’un héros qui se repose au dixième chapitre ; Pour la joie d’inspirer à pleins poumons l’air pur qui émane du paysage de la page 56...

J’aime lire depuis que les lettres assemblées ont commencé à me raconter des choses extraordinaires. Mes racines remontent aux histoires du soir que j’écoutais, trop petite pour les lire. J’ai lu le jour, j’ai lu la nuit. J’ai lu des BD, des romans, des essais, des nouvelles, des articles. J’ai lu dans le train, en voiture, sur la plage. J’ai lu tout ce qui se présentait. J’ai lu n’importe quoi. A la fac, j’ai découvert l’effet Stroop et j’ai compris pourquoi je lisais même la listes des ingrédients sur un paquet de céréales alors que mes paupières étaient encore alourdi de sommeil au petit matin. Depuis que j’ai automatisé la lecture, mon cerveau ne peut plus ne pas lire ! Merci Stroop de déculpabiliser certaines de mes lectures.

A la médiathèque ou à la librairie, je lis une quatrième de couverture en même temps que le titre du livre rangé à côté. J’aimerais avoir tout lu déjà pour être comblée enfin et n’avoir encore rien lu pour découvrir toujours.

Plusieurs années de labeur n’ont pas complètement éradiquée la dyslexie de ma grande. Pourtant, elle aime toujours les livres. Elle en prend soin tout en les dégustant avec lenteur. Mon coeur de lectrice se rassure de savoir qu’elle à le monde au creux de ses doigts dans les pages choyées.

Je jubile de surprendre mon grand s’endormir dans ces bandes-dessinées ou cacher un roman dans son cartable pour occuper les attentes à l’école. Si mon petit ne m’attend plus pour le rituel de l’histoire du soir c’est que son frère lui lis dans la pénombre les Contes de la rue Broca ou Le Bon Gros Géant, bonbons littéraires de mes dix ans. La lecture est un héritage. Avec mon petit frère, nous partageons régulièrement quelques phrases tellement lues et entendues qu’elles résonnent encore : “J’ai de très bonnes amies sorcières. Ma mère elle-même était une sorcière.” ; “George apporte mon une tasse de thé.” ; “Votre majestueuse, je suis votre humble serveur.” A ces mots, nos enfants sourient car ils résonnent en eux également à présent.

Ce soir auprès du feu, nous allons reprendre, tous ensemble, la lecture à voix haute, d’Un conte de Noël. Nous tardons à refermer le livre pour ne pas quitter trop tôt Scrooge, parce que “Lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une ligne noire. Puis on imagine des mondes*.”

En écrivant, j’écoute à voix basse de Juliette qui délivre de leur livre des héros ou des vauriens et promets quand viendra le mot fin de ne plus jamais refermer le bouquin. Alors, je me plais à imaginer ce que vous lisez...

*Erik Orsenna

Les contes de la rue Broca, P. Grimaldi

Le bon gros géant, R. Dahl

Un conte de Noël, C. Dickens


 
 
 

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