Pensées pascales

Ce soir, je vous écris depuis mon jardin, au soleil de Pâques. Je suis à 1 mètre environ de ma place habituelle mais tout est différent. La lumière est plus vive. Une brise est présente. Les cris des mouettes et ceux des enfants transpercent parfois la trame de mon billet du dimanche. Nous sommes dimanche, un jour confiné comme un mardi mais qui me relie à vous.

Ce matin, j’ai profité de mon heure de sortie autorisée pour marcher autour de chez moi. Les oiseaux chantent-ils plus fort que d’habitude ? Est-ce que je m'autorise à les écouter ? M’est-il simplement possible d’entendre leur chant dans l’absence d’effervescence urbaine ? Je pense à Anne-julie, une amie du désert. Elle laissait hier sur les réseaux résonner cette réflexion : “J’entends partout que la nature reprend ses droits. Et nous ? Nous sommes la nature !”

Je pense à vous. Reprenez-vous vos droits dans votre microcosme et dans le macrocosme ?

Je découvre un verger à 100 mètres de l’école de mon plus jeune fils, 400 mètres de chez moi. Alors que mes déplacements n’étaient pas limités, je n’étais jamais venue ici. La contrainte ouvre des possibles.

Je pense à Georges Pérec, à son roman La disparition. Trois-cent pages sans la lettre “e” qui est pourtant la plus utilisée dans l’écrit français. Georges Perec considérait que les contraintes d’écriture stimulent l’imagination. Dans son oeuvre, il lit le fond et la forme puisque les personnages eux-aussi disparaissent quand la disparition du “e” leur apparaît.

Je pense à vous ? Qu’est qui a disparu pour vous pendant ce confinement ?Est-ce que les contraintes vous rendent créatifs ?

Mes amis ont créé un fil de messages chantés. Un camarade danse pour nous chaque jour. Nous cuisinons trop pour donner aux confinés solitaires, en suivant d’ailleurs certaines recettes de mon copain d’enfance, chef cuisinier, qui les partage toutes depuis le début du confinement. Vous osez écrire certains moments de vos journées et je jubile de leur profondeur méditative.

Quel que soit le cadre annoncé par le Président demain, je continuerai à être créative, j’inventerai des instants magiques.

Ensemble, faisons vivre ces mots d’Antoine de Saint-Exupéry : “Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité”. Quel rêve prendra sa place chez vous cette semaine ?