Je célèbre le solstice d’hiver. J’ai choisi une bougie pour allumer la joie dans notre foyer. J’ai médité dans l’ombre de la nuit pour me relier à cette lumière intérieure, mon feu de vie. Après avoir marché dans la tempête, je ralentis auprès de la cheminée. Je regarde les enfants jouer, ils brillent de toute leur force vive et brute. Je pense à Caroline qui au Chili célèbre le solstice d’été.
Jour le plus court au Nord,
nuit la plus courte au Sud.
L’équilibre du Monde.
Depuis le fleuve Aconcagua, ce matin,elle nous envoyait ses voeux : “Prenez du temps pour vous. Ralentissez pour prendre soin de l’essentiel.”
J’aime les haïkus. Ils obligent à l’Essentiel. J’aime les lire, les écrire, les relire.
C’est ainsi, lu et relu, que je savoure cet haïku de Hino Sôjô :
Matin du premier jour-
dans le poêle
quelques braises de l’an passé
Les trois lignes de l'haïku ramènent à l’instant. Elles saisissent la vie comme elle s’écoule. Elles portent le regard sur le présent, nous guident vers l’Essentiel.
Averse du soir
seule une femme regarde
à sa fenêtre
Kikaku
L'haïku dépouille nos quotidiens surchargés. Il ralentit nos journées effrénées. Il concentre nos esprit dispersés. Il réduit à petit feu nos excès. Il nous éveille à la beauté du détail. Il nous révèle l’harmonie de chaque instant.
Ces trois lignes sont comme des instantanés photographiques. EIles ont le pouvoir magique de saisir l’éphémère, l’étincelle de vie présente à chaque instant.
Dans le feu
quelques branches de cerisier
le printemps dernier, je me réchauffais à ses fleurs
Cazals
Lire et écrire des haïkus transforme notre regard sur la vie et influe ainsi le flot de notre existence. L’art de l’haïku est une méditation. Il ouvre nos consciences. Il canalise nos ressentis. L’haïku, s’il est juste, nous fait lâcher-prise et nous dépose, serein, dans la perception pure de l’instant qui se vit.
par une petite fente
du placard
les cadeaux de Noël
Vincent Hoarau
Pascal Senk préface ainsi L’art du Haïku - Pour une philosophie de l’instant : “Telle est la toute première conséquence d’une fréquentation régulière des haïkus : elle affine notre capacité à reconnaître et à conserver les événements heureux de notre vie.” Je vous propose donc de collectionner les beaux instants de la dernière semaine de l’année en écrivant des haïkus.

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