top of page
Rechercher

Confinés

Photo du rédacteur: Laetitia BaillyLaetitia Bailly

Qui aurait pu imaginer que nous soyons confinés par un virus ?

Qui aurait pu imaginer que je sois confinée avec la personne qui m’a le plus causé de tracas ces 5 dernières années ?

La vie m’offre une occasion d’écrire, alors je la saisis. Tout en retouchant mon carnet de voyage indien, je rassemble les mots pour donner du sens à cette expérience.

Le hasard n’existant pas, en reprenant mon manuscrit ce matin, j’ai commencé par saisir cet extrait de L’Arbre Monde de Richard Powers :

“Ses phrases s’enchaînaient comme des coutures parfaites, soutenant le tissu de son histoire sans sans que se remarque les points. Veillait-il à agencer les points spécialement pour elle ? Peut-être pas - Peut-être que le fait même de raconter créait un dessin naturel, peut-être les humains possédaient-ils le don de mettre de l’ordre dans leurs existences désordonnées - Une arme de survie cachée comme des anticorps dans le flux sanguin.”

Les 2 premiers jours, le soleil était présent. Nous avons passés une grande partie de la journée dehors, dans le jardin. Ma tribu n’a pas ressenti de difficultés à rester à la maison. Mon aînée a patiemment cherché à se connecter à son espace numérique de travail pour récupérer ses cours de seconde. Mon cadet est en version papier, ramenée vendredi dernier de l’école, lourde mais très accessible depuis la maison. Mon benjamin, lui est en version libre : nous avons transformé une baie vitrée en tableau, l’armoire à jeux est toujours grande ouverte ainsi que la bibliothèque.

Troisième jour de confinement, le ciel est gris. Les oiseaux chantent fort ce matin mais tout reste sombre alors que le soleil est levé depuis une heure. Il me semble que le confinement commence maintenant.

Je n’ai plus de travail en retard. Je peine pourtant à développer de nouveaux projets. Etrange situation : Je n’ai plus de contraintes “métro-boulot-dodo” mais je ne me sens pas libre de mon temps. Rien ne m’oblige mais je m’oblige. Alors, je puise les ressources disponibles dans cette observation et je lâche-prise pour que mes priorités se réorganisent au plus juste.

Ce soir, mon cadet craque. Il explose. C’est tellement difficile de vivre ensemble. Cette épreuve l’oblige va l’obliger à changer quelque chose car il a déjà épuisé ses ressources habituelles. Nous serons là avec douce contenance pour lui. Les enfants sont magiques : après un bref échange et un court auto-isolement, mon cadet rebondit et bondit de nouveau parmi nous

Confinée avec nous depuis quatre jours, elle essaye d’être discrète, utile. Je le sais mais parfois, ses fragilités m’exaspèrent. Je l’aurais voulu forte depuis des années. Elle l’a été en quittant la violence et en demandant protection. Pourtant, parfois, sa soumission apprise me rend furieuse. Alors, je respire. Je me réfugie dans mon antre. Là je bricole, je pratique l’EFT*, je médite, j’écris, je range, j’écoute de la musique. Puis mes enfants viennent me ramener à la vie de famille.

Dissertation en anglais, études des quartiers prioritaires, dictée, coloriage magique des jours de la semaine. Me voici, recherchant l’art d’apprendre à apprendre. J’aime apprendre et j’ai plaisir à leur transmettre quelque chose de cette soif de savoir qu’on ne sait pas.

Au cinquième jour, mon aînée déclare qu’aujourd’hui c’est différent car c’est samedi. Alors mon cadet instaure le farniente. Voici donc que tombe l’armure psychique de sa soeur, son frère et son père ! Pas d’activité pour ne pas penser… Impensable ! Alors, sans concertation, ils transforment la maison en un grand chantier : peinture, déménagement, pose de moulure… Ils sourient et je savoure de loin leur force de vie.

Premier dimanche de confinement sous un ciel bleu glacier. Je n’ai jamais douté de vous transmettre ce billet. J’ai distillé jour après jour l’essence de mon vécu. Ce billet de dimanche confiné a donc maturé différemment des autres. Habituellement, je me pose pour ouvrir un espace-temps suffisant dans lequel s’extrait, au fil des mots l’essentiel de mes expériences vécues pendant une semaine. Aujourd’hui, je n’ai qu’à mettre en flacon cette liqueur ; l’alambic de la pleine conscience et de la psychologie positive a fonctionné goutte à goutte pendant 6 jours.

Je souhaite que mon billet vous trouve au mieux. J’ai à coeur de rester disponible pour chacun. Vous pouvez m’écrire, m’appeler.

*Emotional Freedom Technique : pratique psycho-corporelle alliant verbalisation et stimulation de points situés sur le trajet des méridiens répertoriés par la médecine chinoise.


45 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
Une pause

Une pause

Comments


06 07 83 60 68

©2019 par la(e)psy. Créé avec Wix.com

bottom of page